Faux billet de banque

Faux billet de banque


Le rêve d'une monnaie unique pour les pays membres de la Communauté de l'Afrique de l'Est semble encore loin de se concrétiser. Dimanche, une rumeur enflammait les réseaux sociaux avec la publication d'un mystérieux billet de banque libellé en "Sheafra", supposée contraction de "Shilling" et "Franc".

Cette image virale d'un billet de 5 « Sheafra », accompagnée de taux de conversion par rapport aux monnaies nationales actuelles, a rapidement relancé les rumeurs d'une intégration monétaire prochaine au sein de la CAE. Mais le Secrétariat s'est finalement fendu d'un démenti clair hier soir.

"Le Secrétariat tient à informer que le processus vers une monnaie unique est toujours en cours. Veuillez ignorer toute rumeur sur des nouveaux billets régionaux", indique le communiqué lapidaire. Un démenti qui vient doucher les attentes nourries par cette publication aux allures d'immense canular.

Et pour cause, l'introduction d'une monnaie unique est un dossier d'une haute complexité technique et politique pour la CAE, qui regroupe actuellement 7 pays aux économies très disparates. Si le principe est acté depuis 2013, aucune feuille de route précise n'avait jusqu'ici été dévoilée par les instances régionales.

La politique monétaire commune, préalable essentiel à une monnaie unique, doit encore être définie avec des critères stricts de convergence à respecter par chaque État membre. Les experts s'accordent sur la nécessité d'harmoniser au préalable les statistiques économiques nationales, une tâche ardue avec des systèmes statistiques souvent défaillants.

Même en cas d'accord rapide sur ces préalables techniques, l'avènement d'une monnaie commune supposerait des négociations politiques de haute volée entre les différents pays. Quel rôle pour une future Banque centrale commune ? Quel partage des compétences avec les Banques centrales actuelles ? Quelle gouvernance pour définir une politique monétaire commune ? Autant d'épineuses questions qui pourraient freiner les ardeurs intégrationnistes.

Pour bon nombre d'économistes de la région, seule une réelle convergence préalable des cadres macroéconomiques et une réelle volonté politique permettraient à terme l'avènement d'une monnaie commune crédible. Le très officiel démenti de la CAE confirme que ce processus pourrait encore prendre de longues années. Le Sheafra reste donc pour l'heure de l’ordre de la spéculation, malgré les récurrentes rumeurs sur les réseaux sociaux.

Claudine N.I.