Le Centre Carter a observé une augmentation significative des cas de désinformation, de commentaires diffamatoires et de discours de haine en République Démocratique du Congo (RDC) durant les périodes électorales. Du 20 novembre 2023 au 23 janvier 2024, le Centre a recueilli 6 006 messages de 83 comptes différents de candidats à la présidence, de partis politiques, d'organisations de la société civile et d'autres acteurs politiques sur Facebook et X (anciennement Twitter). Parmi ces messages, 1 445 étaient liés aux élections.
Les observateurs du Centre Carter ont signalé de nombreuses informations erronées et des campagnes de désinformation circulant sur les réseaux sociaux, principalement sur WhatsApp.
Ces campagnes visaient souvent des candidats individuels, des missions internationales d'observation des élections – y compris le Centre Carter – et prétendaient une ingérence étrangère dans le processus électoral. Le Centre a constaté une augmentation des commentaires diffamatoires sur les réseaux sociaux après les élections, la plupart visant le processus électoral en général.
Les discours haineux des principaux dirigeants politiques sur Facebook et X ont été rares, mais les observateurs ont signalé des propos haineux parmi les utilisateurs des réseaux sociaux, particulièrement concernant le clivage tribal et régional entre le Katanga et le Kasaï. Les discussions en ligne dénigrant les personnes originaires de ces régions ont parfois contribué à accroître les tensions ethniques et à provoquer des affrontements violents.
Les plateformes virtuelles ont également été un environnement hostile pour les femmes, avec de nombreux cas de harcèlement. Les candidates à la présidence étaient parfois la cible de messages misogynes contenant des propos discriminatoires sur le rôle des femmes dans la société. Profitant d'un sentiment anti-LGBTQI+ largement répandu, le candidat à la présidence de la coalition au pouvoir et ses partisans ont également tenté d'associer un candidat de l'opposition à la défense des droits des LGBTQI+, en tenant des propos ambigus à l'encontre de cette communauté.
Les données récentes montrent une augmentation significative du nombre de citoyens congolais ayant accès à l'information en ligne depuis les élections de 2018. Le taux d'utilisation d'Internet est passé de 6,2 % en janvier 2019 à 27,2 % en janvier 2024, ce qui représente environ 27 millions de personnes connectées. Facebook demeure le réseau social le plus utilisé en RDC avec environ 4,7 millions d'utilisateurs, tandis que moins de 0,4 % de la population utilise X. La radio reste une source clé d'information, et WhatsApp est largement privilégié pour le partage d'informations, avec environ 9,7 millions d'utilisateurs en 2021.
Le Centre Carter avait lancé une mission internationale d'observation des élections en RDC en septembre 2023 après avoir reçu une invitation du ministère des Affaires étrangères du pays. Le Centre a déployé 44 experts et observateurs électoraux internationaux, dont 24 observateurs de long terme dans 12 provinces, pour observer les élections présidentielle, législatives, provinciales et municipales. Le jour des élections, la mission était dirigée par Madame Catherine Samba-Panza, ancienne présidente de transition de la République centrafricaine.
Le Centre Carter a rendu public mercredi le rapport final de sa mission internationale d'observation des élections générales de décembre 2023 en République Démocratique du Congo.