Sur X, un internaute partage une vidéo le 18 décembre 2024 dans laquelle on peut apercevoir des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) traîner au sol jusqu'à auprès de leur Jeep 4×4 des personnes tuées par balle lors d'une manifestation. Cette vidéo est réelle mais l'événement s'est déroulé en mars 2020 et il s’agit plutôt des miliciens de Bakata Katanga.

Dans cette séquence vidéo de 30 secondes, nous pouvons apercevoir une dizaine de militaires des FARDC traîner plusieurs corps des civils tués lors d'une manifestation. Certaines de ces personnes tuées portent des bandeaux blancs sur leur tête. On peut entendre des cris d'une foule et voir la masse de ces personnes se trouvant sur la chaussée, à quelques mètres de ces militaires, un policier y compris. 

La vidéo a été vue par plus de 1 000 personnes et partagée 16 fois par les internautes sur X le 20 décembre 2024.

« urgent : hier au lualaba, les citoyens ont manifesté contre les changement de la constitution. Les #FARDC ont tiré sur la population, causant des morts. Comment accepter que ceux censés nous protèger deviennent nos ennemis ? Justice pour nos compatriotes », la légende accompagnant la vidéo.

 

capture de l'infox

 

La vidéo circule depuis mars 2020 et n’a rien à voir avec une prétendue manifestation au Lualaba

Nous avons commencé par observer minutieusement la vidéo et nous avons découvert que la tenue portée par ces militaires ne ressemble pas à celle portée actuellement par les militaires congolais. C'est plutôt l'ancienne tenue militaire des FARDC.

Nous avons ensuite pris plusieurs captures d'écran de la vidéo. Cela nous a permis d'effectuer des recherches inversées d'images.

Nous avons pu trouver une vidéo publiée le 28 mars 2020 sur la chaîne YouTube Albert Leu avec ce titre : « KASUMBALESA : 12 MORTS ASSAILLANTS AFFAIRE BAKATA KATANGA ».

En suivant cette séquence vidéo de 4 minutes et 5 secondes, nous pouvons constater que l'environnement dans la vidéo correspond exactement à l'environnement qu'on peut trouver dans la vidéo qui a fait l'objet de nos investigations : un groupe de civils sur une chaussée, le caniveau et de l'herbe à côté. On entend aussi des coups de feu.

Nous avons constaté que cette vidéo YouTube a été prise sous un autre angle, à partir de la foule se trouvant derrière la position des militaires. Alors que la vidéo faisant l'objet de notre recherche a été prise vers le devant.

Certains indices nous ont permis de confirmer que ces deux vidéos ont été prises le même jour et au même endroit.  Nous pouvons constater la présence des corps sans vie au sol sur la chaussée juste à l'arrière de la Jeep 4x4 de l'armée congolaise.

 

capture de la vidéo 4

 

 

Dans les deux vidéos, on peut également constater la présence d'un camion remorque stationné non loin de la Jeep 4x4 de l'armée congolaise. Nous pouvons également remarqué des camions citernes peints en blanc et vert à quelques mètres de la chaussée.

 

capture de la vidéo 3

 

Ce qui s'est réellement déroulé le 28 mars 2020 à Kasumbalesa

L'Association de défense et de promotion des droits de l'homme Justicia ASBL a dressé dimanche 29 mars 2020 un bilan de 32 morts dans les affrontements de samedi 28 mars entre les éléments Bakata Katanga s’identifiant comme fidèles à Gédéon Kyungu Mutanga wa Bafuko Kanonga et les forces de l'ordre. Cela a eu lieu dans le Haut-Katanga et dans une partie de Lualaba, rapporte un article du 29 mars 2020 d’actualite.cd.

Le même article de ce média site un communiqué de cette organisation sans but lucratif qui dresse le bilan de ces affrontements. Nous l’avons retrouvé ici sur le site Internet de la même organisation.

Dans ce communiqué, cette organisation exprime ses « vives préoccupations » au sujet de cette énième tentative d’incursion de Bakata Katanga dans la ville de Lubumbashi et ses environs.

« En effet, c’est depuis le matin de ce samedi 28 mars 2020 aux alentours de 5 h00 qu’il a été signalé plusieurs manifestations des éléments (armés sommairement d’armes blanches et de quelques armes de guerre) appartenant au seigneur de guerre Gédéon KYUNGU MUTANGA, un évadé de la prison centrale de la kasapa et condamné à la peine de mort pour crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel et qui vivait gracieusement (en résidence surveillée), dans un quartier huppé de Lubumbashi depuis le 11 octobre 2016 aux frais du trésor public congolais », peut-on lire dans ce communiqué.

Le même document renseigne que parmi les villes où ces miliciens marchaient en file indienne et entonnaient des chansons de guerre se trouvent les villes de Lubumbashi, de Likasi, les cités de Kasumbalesa, de Pweto ainsi que Kakanda et Bunkeya dans la province du Lualaba.

Justicia ASBL a dressé un bilan de 30 morts dont 9 assaillants tués à Kasumbalesa.

Cet article de RFI du 29 mars 2020 rapporte le même événement.

Les manifestations contre le changement de la Constitution en RDC

Un article d’actualite.cd publié le 20 novembre 2024 rapporte la rencontre tenue mercredi 20 novembre 2024 entre les “principales forces” politiques de l’opposition congolaise regroupant le Front Commun pour Congo (FCC), plateforme politique de l’ancien président congolais Joseph Kabila, La plateforme politique Lamuka que dirige l’opposant Martin Fayulu, le parti politique de l’opposant Moïse Katumbi Ensemble pour la République. C’était au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et avec comme objectif “ rejeter fermement le projet de révision de la Constitution porté par Félix Tshisekedi”, d’après actualite.cd.

« Des manifestations citoyennes à travers tout le pays et dans la diaspora seront organisées dans les jours à venir pour défendre notre constitution et barrer la route à Monsieur Félix Tshisekedi », a déclaré lors de cette même réunion ladite coalition de l’opposition congolaise, rapporté par VOA Afrique.

Le Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières Jacquemain Shabani a renseigné que la police nationale congolaise (PNC) a été instruite pour assurer le plein exercice des droits et libertés fondamentales lors des manifestations sur la révision ou le changement de la Constitution.

« Dans le volet politique, il a fait état de la surchauffe des esprits autour du débat politique sur la révision ou le changement de la constitution. Pour toutes les activités ou manifestations allant dans ce sens, la police nationale a été instruite pour assurer le plein exercice des droits et libertés fondamentales. Le ministère de l'intérieur renouvelle en même temps son appel aux leaders des partis politiques d'assurer un encadrement citoyen de leurs membres qui parfois confondent le débat politique et confrontation abjecte », rapporte le compte rendu de la 22e réunion du conseil des ministres.

Résumé

La vidéo prétendant montrer des civils tués par l’armée congolaise lors d’une manifestation contre le changement de la Constitution dans la province du Lualaba date de mars 2020.

Faux

Christian Malele et Fidèle Tshibola