Un compte X a partagé une vidéo d’une minute et 45 secondes mardi 25 mars 2025 dans laquelle nous pouvons apercevoir l’ancienne première dame de la République démocratque du Congo, Marie-Olive Lembe Kabila, épouse de l’ancien président Joseph Kabila Kabange. L’internaute affirme que l’ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila fréquente et réussit à circuler librement dans toute la ville de Bukavu depuis sa prise par l’Alliance fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (M23). La vidéo date du 23 mars 2024.

Dans la vidéo, nous pouvons apercevoir Marie-Olive Lembe Kabila être accueillie avec un bouquet de fleurs et entourée de garde du corps, des journalistes qui prennent des images et une dizaine de  personnes, hommes et femmes, dont certains ont des insignes du parti politique de Joseph Kabila Kabange, Parti politique pour la reconstruction et le développement (PPRD). On l'aperçoit aussi monter dans un Pick-up Toyota blanc (lien archivé ici).

La vidéo a été vue par plus de 60 000 internautes au 26 mars 2025. La publication a été partagée 54 fois à la même date.

“Depuis la prise de #BUKAVU, ceux qui gèrent et ceux qui ont géré ont fui, personne d’influent fréquente ce coin, mais ça étonne tout le monde de voir Maman @KabilaOlive en fréquente et réussit à circuler toute la ville librement, en tout cas ça dit tout …”, écrit cet internaute.

 

Publication de la vidéo prétendant montrer l'ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila à Bukavu au Sud-Kivu, ville sous occupation par l'AFC/M23 actuellement.
Capture d'écran de la publication de la vidéo prétendant montrer l'ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila à Bukavu au Sud-Kivu, ville sous le contrôle de l'AFC/M23 actuellement.

 

La vidéo remonte à 2024 et n’a rien à voir avec le contexte actuel à Bukavu

En lisant les commentaires sous la publication de la vidéo qui a fait l’objet de notre recherche, nous avons trouvé le commentaire d’un internaute qui affirme que la vidéo est ancienne et date de 2024.

 

Capture du commentaire sur la vidéo prétendant montrer l'ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila à Bukavu au Sud-Kivu après la prise de la ville par l'AFC/M23
Capture d'écran du commentaire sur la vidéo prétendant montrer l'ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila à Bukavu au Sud-Kivu, ville sous le contrôle de l'AFC/M23

 

Nous avons ensuite entré dans la barre de recherche sur Google les mots clés : “Marie Olive Lembe Kabila à Bukavu 2024”. Nous avons trouvé une vidéo du même événement prise sous un autre angle et publiée le 24 mars 2024 sur une chaîne YouTube dénommée “Unplus production (lien archivé ici) avec ce titre : Olive Lembe Kabila à Bukavu.

La vidéo dure deux minutes et 50 secondes. Elle commence avec le logo de l’Initiative Plus ASBL, une organisation non gouvernementale de l’ancienne première dame. Nous pouvons apercevoir l’ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila habillée de la même manière que dans la vidéo qui a fait l’objet de notre recherche. Elle se trouve dans le même environnement, avec les mêmes personnes : hommes et femmes, journalistes prenant des images, une fille qui lui remet un bouquet de fleurs. On l’aperçoit plus tard monter dans un Pick-up Toyota semblable à la vidéo de notre investigation. Quelques secondes après, le véhicule avance et nous pouvons apercevoir les cliniques universitaires de Bukavu (CUB).

Nous avons également trouvé des photos du même événement sur un compte X dénommé “A. MAKOBA Yasser” dans une publication du 23 mars 2024 (lien archivé ici). 

“La matriarche Marie Olive Lembe Kabila est arrivée ce week-end à Bukavu après son séjour à Goma dans le Nord-Kivu. Comme d’habitude, la population n’a pas caché son affection envers l’épouse de l’ancien président Joseph Kabila, en lui réservant un accueil chaleureux au port de Bukavu ”, écrit cet internaute.

Congo Check, média de fact-checking basé à Goma dans la province du Nord-Kivu dans l’est de la RDD, affirme avoir interrogé, dans un article publié mardi 25 mars 2025, Yannick Ndatabaye, coordonnateur de la Fondation Olive Lembe IPOLK à Bukavu et qui est présent dans la vidéo qui a fait l’objet de notre recherche (lien archivé ici).

« Ces images datent de Mars 2024 quand elle est venue sur Bukavu pour assister les sinistrés des catastrophes naturelles de Kalehe avant de faire Goma pour assister les déplacés », déclare Yannick Ndatabaye, cité par Congo Check.

Les tensions entre le FCC de Joseph Kabila et le régime au pouvoir

Le Front commun pour le Congo (FCC) s’est dit, dans un communiqué signé le 24 mars 2025, ne pas être concerné par les consultations annoncées par le Président de la République, Félix Tshisekedi, pour la composition d’un nouveau gouvernement d’union nationale censées débuter à la même date. Ce communiqué a été rapporté par plusieurs médias congolais (123).

Le FCC évoque trois raisons, d’après son communiqué. Il dit que la position “constante” et qui “demeure” est que les institutions notamment tous les animateurs d’institutions issus des élections de décembre 2023 sont illégitimes. Il déclare que ces élections ont été organisées en violation des lois “pertinentes” et marquées par “une fraude d'ampleur inédite”. Cette illégitimité, selon ce communiqué du FCC, est l’une des principales causes de la crise actuelle.

“Cette illégitimité ne peut donc être ignorée ou exclue des débats, si le veritable objectif des consultations est de régler la crise”, peut-on lire dans ce communiqué signé par le président de la cellule de crise du FCC, Raymond Tshibanda Ntungamulongo.

Pour le FCC, la crise actuelle en RDC est multiforme et découle de la “mauvaise” gouvernance du pays par un pouvoir “dictatorial". Il qualifie ces consultations d’une “offre” générale d’emplois “qui ne peut intéresser que ceux pour qui l'accès aux hautes fonctions de l'Etat sont avant tout un moyen rapide d'enrichissement personnel, plutôt qu'une opportunité pour servir la Nation”. Il dit n’est pas en faire partie.

Le Front commun pour le Congo se questionne sur la valeur ajoutée de cette initiative du président Félix Tshisekedi par rapport au Pacte pour la paix et le bien-vivre ensemble porté par la Cenco et l'ECC notamment aux processus de Nairobi et de Luanda soutenus par les Nations Unies, l'Union Africaine, la SADC et l'EAC. Il dit que ces consultations sont lancées par l’une des parties à la crise, “sinon” le cristallisateur de la crise lui-même.

“Tout bien considéré, cette nouvelle initiative paraît être une fuite en avant du pouvoir, une stratégie pour court-circuiter toutes les autres ci-haut citées qui, contrairement à la volonté des tenants du pouvoir, en appellent à une véritable inclusivité de toutes les parties prenantes à la crise et à l'examen des causes profondes de cette dernière. Le FCC refuse donc de prendre part à une messe qui, à l'évidence, cherche plus à légitimer et défendre un pouvoir, plutôt que de servir la cause d'une paix durable et l'intérêt supérieur du Congo et des congolais dans leur diversité”, peut-lire dans ce communiqué du FCC.

Le Front commun pour le Congo a, dans un communiqué précédent rapporté par des médias, qualifié les accusations du vice-premier ministre, ministre des Transports Jean-Pierre Bemba, prétendant que le président honoraire Joseph Kabila est derrière les miliciens Mobondo et de soutenir le Mouvement du 23 Mars (M23) et l’Alliance fleuve Congo, d’une campagne “ignoble”.

« Le FCC constate que, parallèlement à ces invitations à comparaître adressées à  ses cadres, le Cabinet du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a rendu public un communiqué, portant le n°082 et annonçant que lesdites invitations s’inscrivent dans le cadre des interpellations et auditions de certains hauts cadres du PPRD soupçonnés de complicité avec le mouvement AFC/M23. Le FCC condamne fermement la publication de ce communiqué qui viole, aussi bien le droit à la présomption d’innocence des personnes invitées, pourtant garantie par la Constitution, que le caractère censé être secret de l’instruction pré-juridictionnelle. Il rejette donc la mesure de restriction d'une des libertés fondamentales de ces compatriotes, à savoir, le droit d'aller et de venir, que représente l’interdiction, leur faite dans ce communiqué, de quitter le territoire national jusqu’à nouvel ordre », écrit dans un communiqué le président de la cellule de crise du FCC Raymond Tshibanda, cité dans un article le 10 mars 2025 sur 7sur7.cd (lien archivé ici).

Résumé

La vidéo dans laquelle nous pouvons apercevoir l’ancienne première dame, Marie-Olive Lembe Kabila, épouse de l’ancien président congolais Joseph Kabila Kabange et dont la légende affirme qu’elle fréquente et réussit à circuler librement dans toute la ville de Bukavu depuis sa prise par l’Alliance fleuve Congo/Mouvement du 23 Mars (M23) est ancienne. Elle circule sur Internet depuis mars 2024.

Faux

Christian Malele