LokutaMabe

Illustration. LokutaMabe


Un compte X a publié, le 13 mai 2025, une vidéo dans laquelle nous pouvons apercevoir le président de l’Organisation mondiale de la Swahilophonie « USWAHILI », Henri Moussa Kitoko, accorder une interview après une rencontre avec le chef de la rébellion AFC/M23, Corneille Nangaa. Ce compte affirme dans la légende de sa publication que le président de cette structure a déclaré qu'on refuse le passeport à l’opposant congolais Moïse Katumbi tout simplement parce qu'il est Swahiliphone. Contrairement à ce qu’affirme la légende de cette publication, Henri Moussa dit, dans son interview, plutôt supposer que le passeport de Moïse Katumbi n'est pas renouvelé à cause de ses origines tribales ou linguistiques, et n’atteste rien. 

Dans la vidéo, nous pouvons apercevoir le président de l’Organisation mondiale de la Swahilophonie, Henri Moussa Kitoko, vêtu de blanc avec des lunettes noires de type anti soleil, débout face à la presse avec un micro cravate, et gesticulant avec ses mains (lien archivé ici).

La vidéo contient plus de 10 000 vues sur ce compte X comptant plus de 451 480 abonnés au 17 mai 2025. 

Cette vidéo est devenue virale et s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux Facebook et X (1, 2345). 

« #RDC: Les swahiliphones connaissent toute forme d’insécurité : insécurité politique, insécurité économique, insécurité culturelle et insécurité judiciaire [...] Aujourd’hui notre frère Katumbi est envoyé en exil. Il doit être libre de vaquer à ses occupations ici au pays. On lui refuse même le passeport, tout simplement parce qu’il est Swahiliphone [...] La Swahiliphonie arrive pour délivrer ces compatriotes qui ne se sentent plus libres dans leur propre pays », Moussa Kitoko, président de USWAHILI.

Capture d'écran de la publication qui fait l'objet de notre recherche 

Une raison pas mentionnée dans le camp Katumbi jusqu’au 24 mai 2025

Dans une correspondance publiée le 29 avril dernier sur le compte X du journaliste congolais Stanis Bujakera, l’avocat et l’un des conseillers de Moïse Katumbi, Laurent Onyemba, s’est adressé au Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemain Shabani (lien archivé ici). Il dénonce plutôt une inégalité de traitement dans la délivrance des documents officiels à certains opposants, et parle d’une discrimination manifeste fondée sur l’appartenance politique.

Lettre de l'avocat Laurent Onyemba au Vice-premier ministre, ministre de l'intérieur et sécurité.

Le 5 mai dernier, le journaliste congolais Steve Wembi, a publié sur son compte X, une lettre p* 112/SCA.CAB/OC/LOD/04/2025 du 25 avril 2025 relative à la demande des passeports publiée (lien archivé ici). L’avocat de Katumbi évoque dans cette nouvelle correspondance adressée au Ministre de l’intérieur la question de droit fondamental dans l’obtention du passeport.

Lettre de rappel de l'avocat Laurent Onyemba au vice-premier ministre, ministre de l'intérieur et sécurité. 

Radio Okapi rapportait qu’une autre déclaration rendue publique vendredi 2 mai 2025, à Lubumbashi, dans laquelle Khiller Mubambe, président du groupe parlementaire "Ensemble pour la République", a dénoncé le fait que certains opposants soient empêchés de jouir de leur droit d’obtenir un passeport sans faire mention des origines comme l’une des raisons (lien archivé ici).

Le 8 mai 2025, Olivier Kamitatu, porte-parole de l’opposant congolais Moïse Katumbi, a publié sur son compte X, une lettre ouverte d’un collectif des personnalités politiques de l’opposition congolaise persécutées adressée à la communauté internationale et aux organisations de la société civile (lien archivé ici). Ils déplorent plutôt des actes arbitraires dont ils sont victimes, lesquels, disent-ils, bafouent leurs droits fondamentaux. En aucun cas la question d’appartenance régionale a été soulevée. 

 

Capture d’écran de la lettre ouverte du collectif des opposant adressée à la communauté internationale

Aucune information n’indique que le ministère des Affaires étrangères a réagi sur ce dossier. Une information relayée sur le site de Mbote.cd indiquait que le ministère congolais de l’Intérieur est resté sans réponse, malgré un accusé de réception enregistré le 29 avril 2025 sous le numéro TT77 au secrétariat du ministère.

Katumbi face à la guerre dans l’Est de la RDC

Dans un communiqué publié le 14 mars dernier sur le compte X Ensemble pour la République, le parti politique de Moïse Katumbi se dit pleinement disposé à prendre part active à un dialogue inclusif, sincère et constructif sous l’égide des médiateurs régionaux, ainsi que des instances nationales que sont la Cenco et l’ECC (lien archivé ici). 

Moïse Katumbi a même salué, dans le même document, les efforts du président angolais João Lourenço et des chefs d'Etat de la région. Dans un communiqué officiel publié en novembre 2022, l’ancien gouverneur de la province du Katanga appelait déjà les parties prenantes à s’engager pleinement dans le processus de Luanda pour parvenir à une paix durable.

En février dernier, RFI rapportait (lien archivé ici) que les évêques de la Cenco et ECC rencontraient, à Bruxelles, l’opposant Moise Katumbi pour des consultations dans le cadre du programme baptisé “Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans les Grands Lacs” pour le retour de la paix dans l’est du pays. Le camp de Katumbi estimait après cette rencontre qu’il n’y a pas d’autres voies que celle-ci pour dialoguer. Il appelait ainsi tous les Congolais à se mettre autour d'une même table pour se parler.

Quant à l’inclusion de l’AFC/M23 dans ce dialogue, le camp Katumbi n’était pas contre. Répondant aux questions de RFI, Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de l’ancien gouverneur, demandait à mettre tous les Congolais autour d’une même table pour un dialogue inclusif associant les membres de la majorité, l'opposition dans toute sa diversité afin de remettre le Congo sur les rails (lien archivé ici).

D’après les informations rapportées dans un article de RFI, Moïse Katumbi a, lui aussi, refusé, comme certains autres opposants de poids, la main tendue de Félix Tshisekedi, l’invitant à participer aux consultations politiques nationales lancées le 24 mars dernier, par Désiré-Casimir Kolongele Eberande, son Conseiller spécial en matière de sécurité, en vue de la formation d’un gouvernement dite "d’union nationale", devant permettre de faire face à l’agression du pays par le Rwanda qui soutient les rebelles de l’AFC/M23 (lien archivé ici). Actualité.cd, média en ligne congolais, confirmait aussi que ni Joseph Kabila, ni Moise Katumbi, ni Martin Fayulu et encore moins les représentants de l’AFC/M23 n’y ont participé (lien archivé ici).

Résumé 

Rien ne prouve que le blocage du renouvellement du passeport de Moïse Katumbi est dû à ses origines tribales.

Aucune preuve

James Mutuba