Nos équipes scrutent minutieusement Internet pour vous offrir une analyse approfondie et rigoureuse, contribuant ainsi à mieux comprendre les mécanismes de la désinformation et à renforcer l'esprit critique face à ce fléau. Décryptage mensuel.
Nous vous proposons un décryptage sur les fausses informations qui ont circulé au mois de mars 2025 en RDC, principalement autour des conflits armés dans l’est du pays. La situation sécuritaire dans l’est de la RDC continue à alimenter la désinformation, essentiellement sur les réseaux sociaux numériques. Ces fausses informations, découlant plus des conflits armés dans l’est de la RDC, touchent les sensibilités politiques et amplifient les tensions entre partis politiques et communautés en RDC. Cette situation crée un sentiment de méfiance vis-à-vis des acteurs politiques et des institutions nationales tout comme internationales. Ladite analyse examine les caractéristiques, les acteurs, les formats, et les stratégies de cette campagne de désinformation en fournissant des exemples concrets.
Des fausses déclarations, images, vidéos et faux audios sur les conflits armés dans l’est de la RDC ont commencé à circuler abondamment sur Internet, essentiellement sur les réseaux sociaux numériques, vers la fin du mois de janvier suite à l’avancée de l’Alliance fleuve Congo et du Mouvement du 23 Mars (AFC/M23) vers la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu. La désinformation s’est intensifiée une nouvelle fois lors de l’occupation par l’AFC/M23 de la ville de Goma et de Bukavu, respectivement dans la province du Nord et Sud-Kivu. Les réseaux sociaux tels que Facebook, X, TikTok et YouTube ont favorisé le partage des contenus truqués sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Parmi ces contenus falsifiés, se trouvent également des contenus générés par l’Intelligence artificielle.
Les fausses informations sur les conflits armés dans l’est de la RDC qui ont marqué le mois de mars sont celles de l’explosion lors d’un meeting de l’AFC/M23 à Bukavu, d’un prétendu sommet à Luanda pouvant aboutir au retrait du président Félix Tshisekedi du pouvoir et de la prétendue déclaration du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso demandant la mort du président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe.
Caractéristiques
Les informations truquées sur les conflits armés dans la partie est de la RDC revêtent un caractère émotionnel. Elles ont tourné essentiellement autour des négociations entre les parties impliquées dans le conflit et les affrontements dans des zones de combat dans l’est de la RDC. Par exemple, une vidéo sans preuve prétendant montrer des soldats congolais massacrer la population dans l’est du pays ; l’explosion sur le lieu du meeting de l’AFC/M23 dans la ville de Bukavu ; le prétendu audio de RFI annonçant un sommet à Luanda pouvant aboutir au retrait du président Félix Tshisekedi du pouvoir.
Récits et narratifs dominants
Les allégations sur les conflits armés dans l’est de la RDC ont tourné autour de plusieurs axes principaux à savoir :
- Les annonces sur les négociations entre les parties impliquées dans le conflit armé dans l’est de la RDC
Les affirmations selon lesquelles un sommet à Luanda pouvant aboutir au retrait du président congolais Félix Tshisekedi du pouvoir et sa rencontre avec le président rwandais Paul Kagame à Doha au Qatar.
- Les affrontements armés dans l’est de la RDC
Des images et vidéos selon lesquelles les Forces armées de la République démocratique du Congo se déploient à Walikale dans la province du Nord-Kivu ainsi que d’autres armées telles que américaine et belge.
- Les zones occupées par l’AFC/M23
Des images, vidéos et déclarations sur le traitement des populations présentes dans des zones occupées par l’AFC/M23 comme le cas d’une prétendue vidéo montrant un combattant du M23 lancer une grenade vers la foule au lieu du meeting organisé par leur propre alliance à Bukavu. Aussi, une ancienne vidéo de l’ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila accueillie dans la ville de Bukavu, ville actuellement occupée par l’AFC/M23.
Les auteurs et diffuseurs
Les acteurs de désinformation sont de diverses catégories : des politiques, des influenceurs sur les réseaux sociaux, des journalistes, médias et des comptes réseaux sociaux anonymes.
Ils partagent les mêmes contenus pour rendre des déclarations virales sur les réseaux sociaux et d’autres types de contenu. Par exemple, le partage massif de la vidéo prétendant montrer un combattant de l’Alliance fleuve Congo et le Mouvement du 23 Mars (AFC/M23) lancer une grenade vers la foule réunie pour le meeting de leur propre organisation à Bukavu.
Formats et stratégies de la désinformation
La manipulation de l’information a pris plusieurs formes en cette période des conflits armés :
- Photos et vidéos manipulées ou hors contexte : des images et séquences vidéos utilisées pour semer la confusion, créer la méfiance entre communautés et envers des institutions du pays ou internationales. Par exemple, une vidéo prétendant montrer l’ancienne première dame Marie-Olive Lembe Kabila accueillie à Bukavu au moment où la ville est occupée par l’AFC/M23. Aussi, une vidéo du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso demandant la mort du président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe.
- Audio généré par Intelligence artificielle : des propos complètement générés par Intelligence artificielle annonçant un sommet à Luanda pouvant aboutir au retrait du président congolais Félix tshisekedi du pouvoir et qui proviendraient de Radio France Internationale (RFI).
Conséquences et enjeux
Les fausses informations autour de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo ont des conséquences réelles au sein de la population congolaise. Ces messages truqués véhiculent la haine et la méfiance entre les communautés dans le pays ; provoquent des déplacements massifs des populations qui fuient des hostilités ; démobilisent les militaires engagés dans les différents fronts et la population au même moment ; renforcent des fausses croyances ou des théories de complot sur des acteurs politiques, les gouvernants et des communautés.
L’absence de la vraie information en temps réel laisse la voie aux fausses informations qui sont considérées comme les vraies versions des faits même après les démentis.
Le respect de la déontologie et de l'éthique du journaliste, du Code du numérique congolais et de plusieurs autres lois du pays régissant la communication et l’information peuvent réduire la prolifération ainsi que les effets du phénomène de désinformation sur les conflits armés dans l’est de la RDC.