La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) de la République Démocratique du Congo a identifié la désinformation comme l’un des principaux défis du processus électoral 2021-2024. Dans son rapport d’évaluation à mi-parcours, validé en novembre 2024, l’institution reconnaît que des campagnes de désinformation organisées ont régulièrement affaibli l’efficacité de sa communication et perturbé la compréhension du processus par la population.
Selon la CENI, le système électoral reste encore largement incompris par une frange importante de l’opinion publique. Cette incompréhension, combinée à une désinformation orchestrée, a alimenté la méfiance à l’égard de l’institution, malgré les efforts de transparence affichés, notamment la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote sur son site internet.
Face à ce constat, la CENI affirme avoir mis en place une stratégie digitale active pendant le cycle électoral. Elle a misé sur une veille permanente en ligne pour repérer et contrer les fausses informations en temps réel. Cette stratégie s’est appuyée sur la diffusion d’informations via les réseaux sociaux, mais aussi sur les radios communautaires afin d’atteindre toutes les couches sociales du pays. Des actions de sensibilisation ont été menées, et le site web de l’institution a été régulièrement mis à jour.
L’un des dispositifs phares mis en œuvre a été la création du Centre Électoral Bosolo, présenté comme un outil de transparence inédit pour la publication en temps réel des résultats de l’élection présidentielle. La CENI a également organisé des journées portes ouvertes sur la transparence dans le traitement du fichier électoral, produit des outils de communication adaptés – dont des spots, sketchs et chansons –, et entretenu une collaboration avec l’autorité de régulation des médias, le CSAC.
Cependant, malgré ces initiatives, la CENI reconnaît que sa communication n’a pas toujours été à la hauteur des enjeux. Elle admet avoir souffert d’un déficit de moyens financiers, d’une production tardive des supports de sensibilisation, d’une faible couverture des milieux ruraux et d’une diffusion limitée des contenus de vulgarisation comme les chansons ou les saynètes électorales. Le rapport pointe également le déficit de formation des agents relais de sensibilisation.
Pour les prochaines échéances, l’institution projette de renforcer sa stratégie de communication. Elle souhaite valider formellement son plan de communication et le code de bonne conduite des journalistes congolais en période électorale. Elle entend aussi étendre les activités du Centre Électoral Bosolo à d’autres scrutins, renforcer ses partenariats avec les médias locaux et étrangers, et améliorer la communication à destination des Congolais de l’étranger. La CENI insiste par ailleurs sur la nécessité de poursuivre l’intégration des nouvelles technologies dans le processus électoral, notamment à travers ses applications mobiles et les outils de vérification en ligne.
L’enjeu, selon le rapport, est de garantir une information juste, accessible et adaptée aux réalités du pays, afin de contrer durablement l’influence des infox sur le processus démocratique. Pour la CENI, cette bataille contre la désinformation ne peut être gagnée sans un renforcement de ses capacités opérationnelles, une collaboration étroite avec les médias et une implication continue des partenaires techniques et financiers.