Un compte X publie une vidéo d’une minute et neuf secondes le 22 février 2025 dans laquelle on aperçoit des hommes armés dont l’un frappe un mortier sur la tête de chacune de personnes ligotées au sol, l’une après l’autre (lien archivé ici). L’internaute atteste que c'est ce que fait l’armée congolaise précisément aux Bahuma, un groupe ethnique dans l’est de la RDC (lien archivé ici). Attention : il n’y a pas de preuves qui confirment qu'il s’agit des FARDC.

Dans cette séquence vidéo, nous pouvons apercevoir environ 8 personnes ligotées au sol, les uns contre les autres. Un homme armé frappe avec force chacune des victimes sur la tête grâce à un mortier. Nous pouvons observer le sang couler et ces personnes devenir ineptes.

La publication a obtenu plus de 570 000 vues le 22 février 2025. Elle a été partagée plus de 1 000 fois à la même date.

“ I am sorry to post such graphic images coz they are horrifying to me as well. But this is what the Congolese army is doing to people in Eastern DRC, specifically the Bahuma. Western powers have always talked of the “responsibility to protect”. Where are they now?” ce qu’on a traduit en français grâce à Google traduction par :“Je suis désolé de publier des images aussi graphiques car elles me font également horreur. Mais c’est ce que l’armée congolaise fait aux populations de l’est de la RDC, en particulier aux Bahuma. Les puissances occidentales ont toujours parlé de « responsabilité de protéger ». Où sont-ils maintenant ?”, écrit cet internaute.

 

Capture de la publication de la vidéo prétendant montrer des FARDC massacrer la population Bahuma dans l'est de la RDC
Capture de la publication de la vidéo prétendant montrer des FARDC massacrer la population Bahuma dans l'est de la RDC

 

Pas de preuve des FARDC dans la vidéo

En observant la vidéo, nous avons constaté que l’homme armé frappant les personnes ligotées au sol porte une ancienne tenue des militaires congolais et non la nouvelle. D’autres combattants non plus n’ont des tenues militaires actuelles des FARDC.

Nous avons fait plusieurs captures d'écran de la vidéo. Nous avons lancé une recherche inversée d'images après pour retrouver la première apparition de la séquence vidéo sur Internet.

Nous avons retrouvé la vidéo sur un compte X (lien archivé ici). Cet internaute a repris la vidéo mais avec une légende différente. Il cite plutôt  des combattants des Forces démocratiques et alliées (ADF) et des Codeco.

« Cher @DavidLammy, avez-vous eu l'occasion de voir ce que #ADF et #CODECO font en #DRC MAINTENANT J'espère que vous avez eu l'occasion de discuter de cette horrible vidéo avec le président Tshisekedi. Les sanctions n'arrêteront pas ces massacres », écrit l’internaute.

Nous l’avons contacté par X pour obtenir ses preuves et il n’a pas répondu à notre message jusqu'au moment de la publication de cet article.

Nous avons également retrouvé une capture de la vidéo sur le site Internet USA crime (lien archivé ici). Il se présente comme un site web d’actualités et de médias axé sur la diffusion des dernières nouvelles et vidéos sur les crimes locaux aux États-Unis et dans le monde entier.

Ce site affirme qu’il s’agit des ADF dans la vidéo. La publication de ce site date du 24 février 2025.

« Des civils massacrés par des militants des ADF alliés à l'État islamique en République démocratique du Congo », traduit de l’anglais par Google.

Le site World Watch, se présentant comme un média quotidien, précise qu’aucun groupe n’a revendiqué officiellement cette attaque (lien archivé ici). Il ajoute que les ADF seraient responsables de ce massacre selon certains rapports sans indiquer ses sources.

Nous avons aussi vérifié l’information sur le compte X des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Nous n’avons rien trouvé dans ce sens et la dernière annonce dément l’arrestation des militaires rwandais ou éléments M23 arrêtés à Kinshasa. La publication date du 19 février 2025 (lien archivé ici).

L’insécurité dans l’est de la RDC

L'Alliance fleuve Congo/M23 soutenue par l’armée rwandaise, selon les rapports des experts de l’ONU, est entrée dans la ville de Bukavu dans la province du Sud-Kivu dimanche 16 février 2025. C'est ce qu’a annoncé le gouvernement congolais à travers le ministère de la Communication et médias sur son compte X (lien archivé ici).

Cette occupation est intervenue juste après celle de la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu vers fin janvier de l’année en cours d’après plusieurs médias (123).

Il y a eu des explosions ce 27 février 2025 à Bukavu au Sud-Kivu à l’occasion du meeting organisé l’Alliance fleuve Congo et le M23. Plusieurs médias rapportent que le bilan provisoire s’élève à environ 12 morts et 70 blessés (123).

L’AFC accuse Kinshasa d'être le commanditaire de l’attaque à travers un communiqué publié sur son compte X à la même date (lien archivé ici).

Le ministre congolais de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, déclare sur son compte X que déclencher une explosion après le départ des « pantins », tirer sur la même population et chercher le coupable ailleurs est, d’après lui, une forme de « poison rwandais (lien archivé ici).

« Quotidiennement à #Goma comme à #Bukavu, c’est la terreur et l’horreur absolue », a-t-il écrit sur X.

Résumé

Aucune preuve n’atteste qu’il s’agit des FARDC dans la vidéo où on aperçoit des hommes armés dont l’un frappe un mortier sur la tête de chacune de personnes ligotées au sol, l’une après l’autre.

Aucune preuve

La rédaction